Australie le 7 février 1985 : Hannah, était allongée dans son salon, elle attendait patiemment ma venue. C’est vrai que je n’étais pas pressé, cela faisait une semaine jour pour jour que j’étais censé avoir montré le bout de mon nez. Mais, rien. Je me sentais si bien dans le ventre de ma maman, bien au chaud et parfaitement nourri. Je ne manquais de rien, pourquoi-est ce que je serais sorti ? Bon d’accord, j’avoue je commence à être un peu à l’étroit et c’est d’ailleurs pour cette raison que je décide de naître, de sortir de mon petit nid douillet pour affronter le monde extérieur. Je ne savais pas à quoi ça ressemblait, mais les rares bruits que j’entendais m’effrayaient plus qu’autre chose.
Cette lumière m’éblouit très fort, je ferme les yeux et me met à hurler. Il fait froid, des géants s’agitent autour de moi et m’emporte. Je déteste ça, mais je n’ai pas le choix. Plusieurs longues minutes plus tard, alors que l’on m’a retourné dans tous les sens et examiné sous toutes les coutures on me rend enfin à ma maman. Je la reconnaîtrais entre mille, son odeur m’apaise. Je vois plein de têtes différentes se pencher sur moi, et pour cause, je suis le petit dernier d’une famille nombreuse. J’ai deux grandes sœurs et trois grands frères vous imaginez ? « Encore un de plus ! Ca va être le carnage à la maison ! », « Comment on va faire pour étudier dans les pleures ? ». Ils n’avaient pas l’air ravi que je sois là, peut-être que j’aurais dû prendre sur moi et rester à l’étroit. « Mais enfin vous ne voyez pas qu’il est tout mignon ? Vous devriez être content d’avoir un petit frère ! ». C’était une de mes grandes sœurs et je su qu’elle était différente des autres. Eamon, mon père, me pris, à son tour dans ses bras et j’ai tout de suite su que je voudrais lui ressembler.

« Joshua ! Arrêtes d’embêter Sam ! », « Ne tapisse pas le banc de peinture Joshua ! », « Tu es infernal ! File dans le coin ! », Ces phrases là je les entendais à longueur de journées. C’est vrai que je suis un petit garçon turbulent, plus que les autres. J’aime ennuyer les autres enfants à l’école et j’aime aussi faire des bêtises qui énervent les maîtresses. Mais c’est comme ça, je suis moi, Joshua le petit garçon difficile, mais ils ne semblent pas m’accepter de la sorte malheureusement. J’enchaîne les punitions à l’école et c’est frustrant parce que chez moi, pour les mêmes bêtises, on ne me dit rien. Je suis le petit dernier, le petit chéri de maman, et elle ne me refuse jamais rien. Tout ce que je demande, je l’obtiens et je peux faire n’importe quoi, que ça soit bien ou mal, cela le fait rire. Mes frères et sœurs me qualifie « d’enfant roi », je ne sais pas ce que c’est mais ça ne me dérange en aucun cas d’être un roi.
Les années passent et je grandi. J’aime toujours autant faire tout ce qui m’est interdit. Je commence à répondre à maman, qu’est-ce qu’elle peut m’énerver des fois ! Je me bats même dans la cour de récréation quelque fois, et le pire est que j’apprécie la violence. Du haut de mes douze ans, je regarde tout le monde de haut, je me prends pour le meilleur. Mais c’est ce que je suis non ? Petit à petit je commence même à m’intéresser aux filles. Je ne sais pas pourquoi mais on dirait que mon petit côté mauvais garçon les attire, et j’en profite pour les faire marcher, et les rejeter sans aucun scrupules. Au lycée, je suis chez de l’équipe de football. Je m’y investis à fond et très vite je deviens populaire. J’enchaîne les jeunes filles à tour de bras et mes amis m’envient. Je ne me plains pas, je trouve que j’ai une belle vie.
Un jour, alors que j’ai seize ans, je décide que les jeux que j’achète sont bien trop chers et je me mets à les voler. Ça fonctionne et je continue donc avec des objets de plus en plus cher, c’est très simple, jusqu’au jour où je me fais prendre. L’alarme du magasin s’était mise à retentir. « Vous nous suivez au poste de police ! ». Depuis ce jour, j’ai un casier judiciaire. Et oui, comme les grands criminels, sauf que le mien il est composé de vols en tout genre.

Je n’étais pas un jeune homme correct, quelqu’un de respectable, non, moi j’étais le mauvais garçon. En terminale, je passais encore très souvent mon temps à malmener les jeunes femmes, leur brisant le cœur les unes après les autres. Et pourtant il y en avait toujours qui étaient prêtent à sortir avec Joshua Keagan. Pourquoi ? Peut-être parce que j’étais chef de l’équipe de football, parce que j’étais en terminal et terriblement bien bâtit. Mais il y avait cette fille, Luna. Je l’avais remarqué parce qu’elle faisait partie de l’équipe pom pom girls, longtemps je l’avais persécutée, m’était débrouillé pour faire subir des situations plus que gênantes à la demoiselle,… Plus à elle qu’aux autres, c’était ma façon à moi de la charrier, d’attirer son attention sur moi. J’avais l’impression qu’elle me détestait, qu’elle n’aimait pas mon caractère et elle avait bien raison. Mais elle m’attirait comme un aimant, dès que la voyait j’attrapais la chair de poule et mon cœur cognait fort contre ma poitrine. C’était étrange et je n’avais jamais connu ça. Était-ce de l’amour ? Je ne pouvais pas y croire, généralement seul le physique d’une jeune femme m’attirais, ça s’arrêtait là. La seule personne à qui je pouvais en parler, c’était ma sœur aînée, Alyssa. Elle était toujours de bon conseil et c’est elle qui m’a ouvert les yeux et m’a incité à inviter Luna, ce que je fis.

Cette première soirée passée avec Luna je ne l’oublierai jamais. Premièrement parce que je n’avais jamais vécu ça. Je ne veux pas dire que je n’ai jamais invité de jeunes femmes à manger un bout, et regarder un film, loin de là, mais jamais je n’avais ressenti ça. L’impression d’avoir des fourmis dans les membres, mon cœur qui faisait des bons à chaque fois qu’elle me regardait et les frissons qui envahissaient mon corps dès que ma main effleurait la sienne. Tout cela était nouveau pour moi, et je ne me reconnaissais pas dans mon comportement mais je faisais avec. La jeune femme n’était pas comme les autres, elle ne se pavanait pas devant moi, n’essayait pas d’être la plus belle en se cachant sous des couches de fond de teint et n’exhibait pas ses jambes grâce à des mini-jupes. Elle, elle osait me tenir tête et me dire ce qu’elle pensait et moi, je restais ébahit devant sa beauté naturelle et ses réflexions spontanée. J’avais toujours considéré qu’un rendez-vous durant lequel je n’embrassais pas au moins la femme était raté et pourtant Luna ne m’avait pas embrassé, elle s’était contentée d’un petit bisou sur ma joue avant de disparaitre chez elle. Mais ce rendez-vous avait été le plus beau. J’avais osé lui avoué ce que je pensais d’elle, je la trouvais magnifique.
Je l’ai invité un autre soir, et un autre encore notre relation évoluait à une vitesse incroyable jusqu’à ce jour où nous nous sommes embrassés pour la première fois. C’était un baiser sincère et qui respirait l’amour. Pour la première fois, je me fixais avec quelqu’un. Je ne regardais plus les autres femmes, il n’y avait plus que Luna qui comptait pour moi. Notre couple était solide et traversa plusieurs épreuves. Ma terminal touchait à sa fin et ça me fit bizarre de rentrer à l’université alors que ma petite amie elle était encore au lycée. Les deux années qui nous séparaient l’avaient voulu. J’avais choisi le journalisme avec une option supplémentaire en littérature, assez étrange pour quelqu’un comme moi.
Le temps passa, mes études touchaient à leur fin, j’aimais toujours autant Luna et je savais qu’elle aussi elle m’aimait. Notre couple était fait pour durer et j’avais même un jour osé lui parler de mariage. Cette idée l’avait réjouie et je lui avais promis qu’un jour, nous nous marierons. Je la prendrai pour femme et je vivrais près d’elle pour le restant de mes jours. Cela ne faisait pas peur parce que je savais que je ne pourrais de toute manière jamais aimé quelqu’un d’autre autant qu’elle. Pour moi, elle avait enfreint les règles de ses parents, celles qui concernaient l’abstinence jusqu’au mariage. On s’aimait trop pour pouvoir être capable d’une telle chose et oui, nous avions fait l’amour, plusieurs fois, sans ne jamais en parler. J’étais le premier pour elle et c’était une fierté pour moi qu’elle me choisisse. Cela ne faisait que prouver ce que nous ressentions l’un pour l’autre.

« Je suis enceinte Josh … ». Ces mots résonnèrent dans ma tête et pendant un instant je cru que Luna plaisantait. Que c’était juste une bonne blague qu’elle me tendait pour voir comment je réagirais. Mais quand je me suis retourné, que j’ai lu cette expression sur son visage, j’ai compris qu’elle ne plaisantait pas et que c’était sérieux. Je ne savais pas comment ça avait pu arriver et je ne m’y attendais vraiment pas. J’avais déjà évidemment imaginé que j’aurais des enfants avec elle, sauf que dans mes rêves, on était marié, on vivait ensemble et on travaillait tous les deux. J’eu un moment l’envie de me fâché contre elle, mais je me suis souvenu à la dernière minutes qu’un enfant ça se fait à deux. J’étais aussi responsable qu’elle et je devais me faire à l’idée qu’elle portait mon enfant. J’avais immédiatement refusé l’avortement, je ne voulais pas qu’elle le fasse parce que j’étais sûr de mes choix, c’était elle et personne d’autre et même si cet enfant n’était pas désiré sur le moment je réussi à en tirer de la joie. Au fond, je l’attendais avec impatience. Je promis à Luna que je nous trouverais un appartement avant que ça ne se voit trop. En attendant, on ne devait rien dire car on savait que ses parents réagiraient très mal.

Les mois passaient et ça allait bientôt faire quatre mois que je savais que j’allais bientôt être papa. Je cherchais activement un logement pour Luna et moi mais vu nos faibles revenu ce n’était pas simple. En effet, je venais tout juste d’avoir mon diplôme et je n’avais pas encore trouvé de travail, et Luna, elle venait à peine de commencer ses études d’institutrice. Un soir, on était seul chez moi, elle était blottie dans mes bras sur le canapé. Mes deux mains étaient posées sur son ventre et j’essayais de percevoir les moindres mouvements du bébé, le matin même on avait appris qu’il s’agissait d’un petit garçon. « Je voudrais qu’on se marie Luna … » D’accord, ce n’était pas la demande romantique qu’elle avait sûrement imaginé mais je n’étais pas parvenu à ça. Malgré tout, la jeune femme fût très heureuse et elle savait aussi que ses parents apprécieraient. Probablement même qu’ils accepteraient mieux le fait qu’elle soit enceinte.
Trois mois plus tard, nous passion devant l’autel. Les parents de Luna étaient tellement heureux qu’ils avaient payé la cérémonie et la fête dans leur intégrité. Ma femme était magnifique dans sa robe blanche, même si son ventre était devenu proéminant.
J’avais, deux semaines auparavant trouvé un emploi au journal local ce qui payait assez bien. Nous vivions donc ensemble dans un appartement bien décoré. Jusqu’à ce jour, … « Il faut que tu m’emmènes à l’hôpital, je crois que je viens de perdre les eaux ! » Luna paniquait, elle sortait en trombe de la salle de bain. Ni une, ni deux, nous nous trouvions dans la voiture et je conduisais en direction de l’hôpital au sein duquel il était prévu que Luna mette au monde notre petit garçon si attendu. Mais les heures passaient et il n’était toujours pas là. Allongée sur un lit, Luna souffrait malgré la péridurale et moi je tournais en rond, ne sachant pas comment la rassurer. Quand l’infirmière se rendit compte qu’il était temps d’aller en salle d’accouchement nous fîmes tous les deux soulagé. Nous n’aurions pas dû. Alors que la jeune femme poussait de toutes ses forces pour faire sortir son bébé, elle s’est mise à convulser. Immédiatement j’ai paniqué, je savais que ce n’était pas normal. Je n’ai pas eu mon mot à dire que le médecin me jetta dehors. Les minutes défilaient lentement et je paniquais. Mon corps tremblant était affalé sur une chaise et je tenais ma tête entre mes mains. Quand la porte face à moi s’est ouverte je m’attendais à ce qu’une sage-femme m’apporte mon bébé. A la place de ça, un médecin à la mine grave se tenait dans l’encadrement de la porte. J’ai compris. Il ne m’en fallait pas plus. Je savais que mon enfant n’avait pas survécu. Malgré tout, j’ai trouvé la force de me lever parce que je voulais rejoindre Luna. Nous avions besoin l’un de l’autre pour se réconforter. Je me suis avancé et le médecin m’a retenu, posant sa main sur mon épaule. Mon regard est passé par-dessus et c’est là que j’ai vu. Je n’avais pas imaginé cela … Je venais de perdre en quelques minutes non seulement mon enfant, mais également la femme que j’aimais. Ma vie s’effondrait sous mes pieds et sans m’en rendre compte je me suis retrouvé affalé par terre, en plein milieu du couloir à pleurer et à hurler. Je me foutais bien de tous ces gens qui me regardaient. Ce n’est que par après qu’on m’a expliqué ce qu’était la prééclamsie.